1 oct. 2015

Yeonmi Park, survivante de la Corée du Nord, a fui à 13 ans


Conseil des droits de l’homme - Elle livre un récit poignant: «Un jour, le peuple nord-coréen sera libre.»

Yeonmi Park veut dénoncer l’ignominie du régime nord-coréen et montrer au monde ce que son peuple endure quotidiennement.

Yeonmi Park semble fragile. Mais derrière cette petite silhouette frêle se cache une lutteuse. Cette jeune Nord-Coréenne de 21 ans est une miraculée. Il y a huit ans, un soir d’hiver, glacial et sans lumière, elle a réussi l’impossible: s’échapper de la prison à ciel ouvert bâtie par la dynastie Kim Jong.


Un périple à très haut risque au cours duquel elle a dû affronter l’hostilité des éléments, mais aussi celles des hommes. Elle raconte: «J’ai attendu que la rivière qui sépare la Corée du Nord et la Chine soit gelée pour la traverser avec ma mère. Je savais que c’était très risqué. Si on m’attrapait, je risquais de terminer ma vie dans un camp de travail. Mais si je restais, je pouvais mourir de faim ou de maladie. Rejoindre la Chine, c’était l’espoir de lendemains meilleurs.»
Son histoire, Yeonmi Park en fait le récit détaillé dans un livre paru ce week-end. «In Order To Live: A North Korean Girl’s Journey to Freedom» sera traduit dans dix-sept langues. Il devrait inonder la planète. Aujourd’hui, Yeonmi Park n’a plus qu’une ambition: dénoncer l’ignominie du régime nord-coréen et montrer au monde ce que son peuple endure quotidiennement.

La découverte de la liberté

«Avant de quitter mon pays, je ne savais même pas ce que c’était que la liberté. J’ignorais qu’on pouvait se teindre et changer la couleur de ses cheveux. Personne ne m’avait dit qu’on avait le droit d’aimer», explique-t-elle. Pyongyang n’est pas seulement un régime répressif, c’est aussi un régime intrusif qui a dépossédé les Nord-Coréens de toute notion de libre arbitre.
La jeune femme était à Genève il y a quelques jours. Invitée par l’ONG UN Watch, elle a pu prendre la parole à l’occasion d’un débat du Conseil des droits de l’homme consacré à la Corée du Nord. Les diplomates de Pyongyang n’ont pas du tout apprécié. Yeonmi Park est une petite épine dans le pied du régime, mais une épine qui s’enfonce là où ça fait le plus mal. D’autres opposants nord-coréens ont déjà eu l’occasion de témoigner devant l’ONU. Mais aucun ne parlait l’anglais et aucun n’a su jusque-là capter l’attention comme sait le faire Yeonmi Park du haut de ses 21 ans. Sa petite voix cristalline et son sens de la narration donnent de la puissance à son témoignage et nourrissent l’empathie. Face à l’image d’un Kim Jong bouffi et tyrannique, celle de cette miraculée fluette et souriante est dévastatrice pour le dirigeant nord-coréen mis au ban des nations.

Vendue 260 dollars

Rien n’entamera la détermination de Yeonmi Park. Elle a enduré trop de souffrances et franchi trop d’obstacles pour renoncer à ce combat. «Lorsque nous sommes arrivées en Chine, ma mère a été violée et moi j’ai été revendue par un trafiquant d’être humains pour 260 dollars. J’avais alors 13 ans», raconte-t-elle. Son envie de vivre a été plus forte que tout.
Son périple ne pouvait pas s’achever au bout d’une impasse. Elle s’enfuira une nouvelle fois et tentera le tout pour le tout: la traversée de nuit du désert de Gobi (Mongolie) avec, comme seul point de repère, l’étoile du Nord. «Parfois, j’ai dû ramper sur le sol pour échapper à la surveillance des militaires chinois», témoigne-t-elle. Quelques mains tendues lui ont finalement permis de gagner la Corée du Sud et de pouvoir raconter son histoire.


Source: http://www.tdg.ch/monde/jour-peuple-nordcoreen-libre/story/12941762


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